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En juillet de l'année 2005, arrivée à Recife pour travailler avec une Communauté locale de consultants et thérapeutes sur la question de la place de l’Individu et des Equipes dans les Organisations, je terminais mon séjour en passant  10 jours à la CPP. 

 

Ce fut "une chance" et encore une fois, suite à une rencontre, de pouvoir intervenir avec l'équipe au sein de cette "Casa", que j'appellerai Maison dans cet article. En effet, habituellement, les personnes venant aider l'équipe sont là sur une longue durée afin d'aider les jeunes à réinvestir le lien et la confiance dans la relation.

 

Expérience à la "Casa dos Pequenos Profetas" à RECIFE dans le Nordeste du Brésil.

« En chaque individu et dans les groupes, il existe un être humain qui avance dans la vie, en accord avec trois nécessités fondamentales connues comme des comportements, et qui sont plus ou moins investis dans les relations interpersonnelles : nous parlerons d’inclusion, d’influence et d’ouverture Â».

 

-       La première : l’inclusion, marque le moment « d’inclusion Â» ou non dans le groupe ou la famille ;

 

-       La seconde : le contrôle, nous permet de faire face à la vie avec nos propres compétences.

 

-       La troisième : l’ouverture, parle de notre capacité à aimer et être aimé.

 

Si un de ces trois éléments a été défaillant pour un membre de l’équipe, du groupe ou de la famille, celui-ci fonctionnera de façon déséquilibrée, entraînant un dysfonctionnement systémique du collectif. Il s’agit alors de travailler en direction des sentiments inexistants ou affaiblis, afin de cimenter les relations des personnes et du groupe.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce fut donc une bonne surprise d’être invitée à rejoindre la CPP et j’ai senti immédiatement que l’expérience pouvait être à la hauteur de ce que j’acceptais de vivre. Je peux donner ce que j’ai pour donner et là, avec le temps dont je disposais, je me rendis compte que je ne pourrai donner que de la « présence Â» et du savoir-être. Car quand nous entrons pour la première fois à la CPP, nous sommes essentiellement appelés au niveau de notre capacité à être présent dans l’instant, face à ces enfants et à leur histoire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La vie de la Maison que j’ai pu accompagner pendant quelques jours avant de rentrer vers Lisbonne où je réside, transforma certaines de mes croyances et toucha profondément mes valeurs. J’ai parlé avec les éducateurs et chacun trouvait des réponses avec son expérience, mais paraissait répondre plus essentiellement avec le cÅ“ur ! Une patience énorme en face d’enfants très fatigués de marcher toute la nuit dans les rues et revenir « Ã  la Maison Â» dès le matin pour participer à un « atelier Â» sur la « Violence policière Â», par exemple. Une dédicace très importante en face de ce monde inverssé …

 

La liberté pendant la nuit quand le monde est obscur et « dangereux Â» pour les enfants et une maison avec des barreaux pendant la journée. Un paradoxe nécessaire pour les aider à retrouver une auto-estime positive et une tentative pour rétablir des liens affectifs qui ne soient pas basés sur la violence.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et cependant, tant de tendresse de part et d’autre ; ils veulent savoir de notre vie, le mari, les enfants, comment est la vie pour nous, notre pays â€¦ et ils voyagent très vite dans leur imaginaire. Et soudain ils partent, sans prévenir, ils quittent la relation, comme si c’était trop d’un coup à contenir.

 

Il y a encore de la vie en eux, il y a encore de la lumière, il y a encore de l’espace pour jouer et je fus surprise de leurs élans pour nous toucher, pour continuer, pour peindre des cÅ“urs dans « l’atelier Â» d’art plastique ou jouer avec plaisir – un instant – volé à la vie de la nuit, la vie de la drogue, de la peur et de la bande obligatoire pour survivre.

 

« Est-ce que Ricardo réapparaîtra demain avec son sourire ? Â». Non, Ricardo n'est pas réapparu ...

 

Et soudain, tout le discours sur l’inclusion prend un autre sens en face de l’exclusion. Quel discours sur l’influence et sur notre capacité à faire face à la vie quand la vie est synonyme de lutte quotidienne pour survivre ! Quelle peut être l’ouverture aux autres et à l’Amour quand les seuls signes de reconnaissance furent basés sur la violence, la haine ou les menaces de mort …

 

Il est nécessaire de revenir alors vers la première phase du cycle : l’Inclusion.

Ainsi le rôle d’une Maison comme celle-ci est de proposer une maison aux enfants de la rue afin de reconstruire leur maison intérieure appelée « auto-estime Â».

 

Une leçon de vie comme je n’aurai pu la vivre sans la rencontre avec Carole et l’ouverture de Demetrius qui accepta mon entrée à la CPP, Merci ! 

 

Un apprentissage dans le monde de la simplicité, de la spontanéité et du cœur au-delà les situations rencontrées.

 

Merci à Alecio et à toute l’équipe des éducateurs, merci à Ricardo, Ana Paula, Abraão, Andrea, Cristina, et tous les autres enfants qui aidèrent à ces prises de conscience.

        

Maryvonne Piétri , le 28 Juillet 2005

        

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"Tartaruga"

J’entrais donc dans une grande maison où chaque pièce est séparée avec des grilles. Je vis rapidement plus ou moins 40 enfants, très vivants, criant, jouant, courant de l’âge de 6 ans à 17 ans environ.

 

Il y avait là un billard, un « baby-foot Â», une télévision et un sofa, déjà ancien, mais où les enfants aimaient rester pour se reposer ou regarder la télévision.

 

Je vis très rapidement le rôle des éducateurs, bien présents, agissant avec beaucoup d’attention vis à vis de chaque enfant et attentif au respect des règles de la Maison. Prendre une douche après l’arrivée le matin, puis le petit déjeuner et participer aux activités de la Maison, comme conditions pour fréquenter la CPP régulièrement.

 

Différents « ateliers Â» sont proposés pendant la semaine, alphabétisation, thèmes de discussions, arts plastiques, « capoeira Â», percussions et autres.

En effet, la Maison permet l’Inclusion dans un groupe où il y a des règles, des limites, de la nourriture et des adultes avec qui parler des problèmes rencontrés dans la rue : violence, faim, drogue, police … jusqu’à la mort des autres.

 

Quand un enfant de la rue danse, joue, rie ou joue des percussions, il est comme tous les enfants du monde. Juste dans le moment présent, entier, vivant dans ce moment avec tout son corps, mobilisant tout. Quelle beauté !

 

Ce serait possible, si nous pouvions observer la situation avec des yeux d’enfants de voir ces enfants égaux aux autres, si soudain, nôtre mental ne reprenait pas le contrôle pour nous rappeler que les « vêtements Â», les cicatrices du corps nous donnent comme information que ce sont des enfants de l’exclusion, de la marginalité, de la solitude et de la peur …

La CPP : « Casa dos Pequenos Profetas Â»   

 

Quand je suis arrivée à la CPP, je fut surprise de l’ouverture et de la facilité existant

pour entrer et aider.

 

Tu veux aider ? alors viens !

 

La vie nous habitue en Europe à être Â« super-formé Â» et avec un CV digne de ce nom, avant de pouvoir entrer où que ce soit pour donner de notre temps. Nous avons besoin de « savoir Â».

 

Notre ADN

CONSCIENCE, INTERDEPENDANCE & EVOLUTION

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